[CB] – J’aimerais bien que la marche athlétique soit plus médiatisée. Mais c’est une discipline de longue distance, cela n’intéresse pas trop la télévision. Après on sent quand même que des choses changent dans l’esprit des gens. Ils ont de plus en plus la volonté de découvrir d’autres sports, et de s’y intéresser. A titre personnel je trouve que la marche sportive commence à se démocratiser un peu. Pour prendre mon exemple, au début j’étais la seule à faire de la marche dans mon club, aujourd’hui on retrouve plus de pratiquants, ça se densifie. C’est le cas aussi au niveau des chronos, qui sont une belle preuve de cette évolution. Là où avant les records étaient rarement battus, désormais un athlète les battra quasiment chaque année. Après c’est très culturel, par exemple en Espagne c’est un sport assez médiatisé, et très pratiqué, donc ça dépend aussi de la culture et du pays. Mais moi je ne m’intéresse pas vraiment à la question de la médiatisation de mon sport. Je ne fais pas ça pour le côté showbiz, ça me dégoûterait, j’aime faire du sport pour les émotions et les relations que ça m’apporte, tout simplement. Quand tu es dans une compétition comme la coupe du monde, que tu sois médiatisée ou pas, personnellement ma motivation reste la même. Par contre, pour aller plus loin que le simple problème médiatique, le vrai souci c’est que la France ne professionnalise pas ses athlètes de haut niveau. Nous sommes beaucoup à avoir le statut de semi-professionnel, ce qui est assez contraignant, parce qu’on doit travailler à côté, mais aussi car ce statut se gagne et se perd d’une année à l’autre, c’est donc une situation un peu compliquée à gérer. En Allemagne, pour faire la comparaison, ils ont placé les sportifs de haut niveau dans un détachement spécial de l’armée, ce qui leur permet d’avoir un revenu assez correct, pour leur activité sportive. Il y a donc bien des choses à améliorer.