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Interview de Clémence Beretta : objectif JO !

Étoile montante d’une discipline méconnue, Clémence Beretta a accepté d’accorder une interview à UniverTextile. La double championne de France de marche athlétique nous dévoile son parcours et ses objectifs, avec, à 23 ans, la volonté de participer aux futurs Jeux-Olympiques.

[AM] – Bonjour Clémence, pouvez-vous vous présenter ?

[CB] – Je m’appelle Clémence Beretta, j’ai 23 ans et je pratique la marche athlétique avec un statut semi-professionnel. Je suis native des Vosges et je baigne dans l’univers de l’athlétisme depuis petite, car mon père est professeur de sport et également président du club d’athlétisme de Remiremont. J’ai donc logiquement fait de l’athlétisme à partir de l’âge de 10 ans. Deux ans plus tard, j’ai commencé à pratiquer la marche athlétique. J’étais alors la seule du club à en pratiquer, la discipline étant assez méconnue. Ensuite, après le lycée, j’ai eu la chance d’intégrer le pôle France marche athlétique au Creps, à Nancy, qui m’a permis de suivre un cursus universitaire lié au sport. J’avais un emploi aménagé qui me permettait de m’entraîner correctement en même temps. Dans les mois qui suivirent, entre 2015 et 2016, j’ai décroché mon tout premier titre de championne de France, ainsi que ma première sélection en équipe de France, alors en catégorie junior. J’ai par la suite connu la joie d’être championne de France au niveau sénior, en 2018. Enfin, j’ai battu mon premier record de France sur 3000 mètres en salle, un objectif qui me tenait à cœur depuis un certain temps, et que j’ai accompli en 2020.

Les JO de Tokyo puis de Paris en ligne de mire

[AM] – Quels sont vos objectifs ?

[CB] – Mon objectif à court terme, c’est la qualification pour les Jeux Olympiques de Tokyo. Mais c’est très compliqué à cause de la crise covid, je n’ai pas pu participer à un certain nombre de qualifications. De même, c’est pour l’instant assez dur de vraiment performer avec mon métier à côté, qui ne permet pas de récupérer efficacement entre les entraînements. Après l’objectif à long terme c’est la qualification pour les Jeux Olympiques de Paris, ainsi que de participer aux grands championnats séniors. Pour l’instant, je suis en élite pour les courses en équipe. Mes seules sélections individuelles ont été faites en catégorie jeune. Mais je ne me presse pas, la marche athlétique, à l’instar des autres disciplines de fond et d’endurance, ont la particularité de permettre des carrières assez longues. La maturité sportive des coureurs de longues distances arrivant plus tard que dans les autres sports, je ne me mets pas d’urgence.

[AM] – Avez-vous d’autres occupations en plus de votre activité sportive ?

[CB] – Oui. J’ai un statut sportif semi-professionnel. Cela signifie que je pratique en plus de mon activité sportive, une activité professionnelle. J’ai fait une licence en alternance dans le marketing et je travaille depuis 2018 à mi-temps dans une entreprise comme assistante marketing. Cela rend mes performances plus compliquées, car les horaires de travail m’obligent à adapter la fréquence et la durée de mes entraînements. C’est donc dur pour le haut niveau de garder le rythme. Ce n’est pas une bonne situation pour moi, mais je n’ai pas vraiment eu jusqu’alors d’autres choix que de faire ce travail avec ces horaires contraignants, mon statut de semi-pro ne me rapportant pas assez.

[AM] –  Devenir sportive de haut-niveau était un rêve d’enfance, où ça vous est venu par la suite ?

[CB] – Non pas du tout, cela s’est fait totalement par hasard. Quand j’étais au lycée j’ignorais que le Creps existait, mais on m’en a parlé, j’ai été pistonnée et j’ai pu l’intégrer. Là, au début, je n’avais pas le niveau, mais c’est venu petit à petit, et au fil de ma progression, j’ai commencé à voir le haut-niveau comme un objectif de plus en plus atteignable.

La clef de la performance pour Clémence Beretta

[AM] – Qu’est-ce qui est essentiel pour réussir dans le haut-niveau ?

[CB] – L’aspect psycho-émotionnel est essentiel. On dit souvent d’un sportif connu qu’il a “le profil pour être au haut niveau”. Tandis que d’autres sont les champions du monde de l’entraînement, mais sont incapables de confirmer leur potentiel lors des compétitions. La raison de ce blocage c’est tout simplement le mental. Selon moi, pour réussir, il faut avoir une bonne connaissance de soi-même. Il faut également aimer et ne pas avoir peur de se faire mal. Cependant, il faut aussi s’écouter, et s’obéir pour réussir.

[AM] – Le secteur de la marche est-il un secteur qu’on peut qualifier d’éco-responsable ou pas du tout ?

[CB] – Pour moi, tous les sports d’extérieur sont assez éco-responsables. Les gens qui les pratiquent aiment la nature, et ont la volonté de la préserver. Moi par exemple j’essaye de pratiquer mon sport en connexion avec la nature, afin de la respecter au maximum. Donc oui je pense qu’on peut dire que la marche est aussi éco-responsable. Il y a parfois des événements appelés “Green Walking”, qui ont pour but d’allier course et ramassage de déchets, c’est un exemple d’activités qui ont pour volonté de rendre le sport encore plus éco-responsable.

[AM] – Avez-vous des équipementiers ?

[CB] – Oui, j’ai un partenariat avec Asics depuis un an. Il y a également Décathlon qui me fournit mon matériel de musculation. Pour ce qui est des partenaires financiers, je suis aidée par la Caisse d’épargne, ainsi que des collectivités.

[AM] – Pensez-vous déjà à votre après carrière ?

[CB] – Oui tout à fait. C’est important d’y penser. Personnellement je ne souhaite pas continuer à travailler dans le marketing, ni même dans une entreprise. Cela ne m’intéresse pas. J’aimerais entreprendre. En ce moment j’ai un projet, je vais créer des bougies végétales, avec du parfum dégagé par des huiles essentielles. C’est quelque chose qui me plait beaucoup et j’adorerais en créer et les commercialiser à terme. Si possible j’aimerais me lancer dans les prochains mois. J’ai la volonté depuis longtemps de faire quelque chose de ce type, de créer quelque chose qui me correspond et qui allie mes passions. Une fois fabriquées, je ne compte pas vendre mes bougies tout de suite. Je vais d’abord en donner à mes proches pour avoir leur retour, et mon copain va s’occuper de développer un site internet. Être indépendante me permettrait également de n’avoir plus de contraintes au niveau des horaires, je pourrai donc m’entraîner efficacement. De même, cela me permettra de rentrer dans les Vosges, ce que je souhaite depuis quelques années.

[AM] – Est-ce que tu penses que la marche athlétique devrait être plus médiatisée ?

[CB] – J’aimerais bien que la marche athlétique soit plus médiatisée. Mais c’est une discipline de longue distance, cela n’intéresse pas trop la télévision. Après on sent quand même que des choses changent dans l’esprit des gens. Ils ont de plus en plus la volonté de découvrir d’autres sports, et de s’y intéresser. A titre personnel je trouve que la marche sportive commence à se démocratiser un peu. Pour prendre mon exemple, au début j’étais la seule à faire de la marche dans mon club, aujourd’hui on retrouve plus de pratiquants, ça se densifie. C’est le cas aussi au niveau des chronos, qui sont une belle preuve de cette évolution. Là où avant les records étaient rarement battus, désormais un athlète les battra quasiment chaque année. Après c’est très culturel, par exemple en Espagne c’est un sport assez médiatisé, et très pratiqué, donc ça dépend aussi de la culture et du pays. Mais moi je ne m’intéresse pas vraiment à la question de la médiatisation de mon sport. Je ne fais pas ça pour le côté showbiz, ça me dégoûterait, j’aime faire du sport pour les émotions et les relations que ça m’apporte, tout simplement. Quand tu es dans une compétition comme la coupe du monde, que tu sois médiatisée ou pas, personnellement ma motivation reste la même. Par contre, pour aller plus loin que le simple problème médiatique, le vrai souci c’est que la France ne professionnalise pas ses athlètes de haut niveau. Nous sommes beaucoup à avoir le statut de semi-professionnel, ce qui est assez contraignant, parce qu’on doit travailler à côté, mais aussi car ce statut se gagne et se perd d’une année à l’autre, c’est donc une situation un peu compliquée à gérer. En Allemagne, pour faire la comparaison, ils ont placé les sportifs de haut niveau dans un détachement spécial de l’armée, ce qui leur permet d’avoir un revenu assez correct, pour leur activité sportive. Il y a donc bien des choses à améliorer.

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