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Comment fabriquer un vêtement technique ? Le groupe ardéchois Payen nous dévoile ses secrets…

L’industrie du textile est particulièrement polluante. Les machines utilisées garantissent une productivité exceptionnelle mais nécessitent énormément d’énergie pour fonctionner. Très présente en France durant le XXème siècle, l’industrie du textile s’est depuis largement délocalisée dans des pays émergents, où la main-d’œuvre est moins chère.

Depuis plus de 2 ans, UniverTextile aime mettre en avant des marques qui s’efforcent de produire de manière responsable. Pour ces marques, l’enjeu est en partie de trouver des partenaires qui correspondent à leurs critères de technicité, de prix, de durabilité, d’engagement social etc…

Un challenge pour le moins costaud mais tout de même envisageable grâce à des entreprises qui ont su garder le cap alors que la France se désindustrialisait petit à petit.

Aujourd’hui c’est donc de Payen que l’on va parler. Un groupe français qui fournit du tissu à bon nombre de marques de sport. Certaines d’entre elles sont évidemment dans notre guide des marques.

La place de Payen dans l’industrie textile

Le textile, qu’il soit technique ou non, c’est toute une industrie avec de nombreux savoir-faire. Le but étant de partir d’une (ou plusieurs) matière et d’obtenir un vêtement. Pour y parvenir, voici grossièrement les principales étapes :

  • Créer/récolter la matière
  • Transformer cette matière en fil
  • Transformer le fil en tissu
  • Confectionner le vêtement (couture, collage etc)

Chacune de ces étapes nécessite des compétences techniques, des machines (beaucoup de machines) et bien sûr, de la main-d’œuvre.

Il y a quelques semaines, j’ai eu l’occasion de visiter les usines textiles du Groupe Payen. Bien que l’énorme majorité des vêtements soit fabriquée à l’étranger, il reste des usines françaises qui résistent encore et toujours à la délocalisation.

Les 3 usines Payen se trouvent en Ardèche. Ce qui est assez rare, c’est que le groupe français réalise plusieurs étapes dans la confection d’un vêtement : la texturation, le guipage, l’ourdissagele tissage et les finitions

Avant de rentrer dans le détail d’un savoir-faire presque unique, voici quelques chiffres concernant Payen :

  • 150 salariés aujourd’hui, 450 au début des années 2000…
  • 3 usines en Ardèche ce qui permet de produire en circuit court
  • 15 millions de CA

Si tu te demandes comment cette entreprise a pu résister à la délocalisation de l’industrie du textile, nous allons y venir…

Les bureaux du groupe Payen ainsi que l'usine de texturation

Voici plus en détail les étapes de production que réalisent les usines Payen :

  • Texturation : transformer le POY en fil textile (1ère usine)
  • Le guipage : obtenir un fil unique (2ème usine)
  • L’ourdissage : préparer le tissage (3ème usine)
  • Le tissage : transformer le fil en tissu (3ème usine)
  • Les finitions : dégraisser, teindre et contrôler le tissu (3ème usine)

Rentrons sans plus attendre dans le vif du sujet !

Comment transformer la matière en fil technique, stretch et durable ?

Oui, quand on parle textile chez Payen, on ne parle pas de n’importe quoi. C’est bien là toute la force du groupe : fabriquer du fil et du tissu haut de gamme. Un tissu particulièrement apprécié dans le sport car celui-ci est notamment réputé pour son élasticité. La voilà la recette magique de Payen : un tissu bi-élastique, très fin, léger, respirant et résistant. En 2 mots (et pas un de plus) : technicité, durabilité !

Première étape, transformer les bobines de POY (partially orientated yarn) en bobine de fil textile. Payen se fournit en matière auprès de partenaires européens (Italie, Angleterre, Suisse) et en Israël. Ceux-ci leur envoient du polyester ou du polyamide sous forme de bobine (appelé POY). La matière reçue par Payen n’est pas directement utilisable pour être tissée.

Texturation = obtenir du fil textile

Pour obtenir un fil textile, Payen déroule le POY qui passe dans un four puis dans une bobine céramique. On obtient alors du fil (de polyester ou de polyamide). Avant de passer à l’étape suivante, ce fil est vérifié. Chez Payen, le contrôle qualité se fait à chaque étape sur tout ce qui est produit !

On prend maintenant la direction de la deuxième usine, celle de guipage.

Le guipage, l’essence d’un fil de qualité

Le fil obtenu ne sera pas directement tissé, ce serait trop simple ! Place à ce qu’on appelle le guipage.

Pour le guipage, Payen a besoin du fil précédemment obtenu ainsi que de l’élasthanne (Payen reçoit l’élasthanne sous forme de fil textile).

L’avantage de l’élasthanne : comme son nom l’indique, c’est une matière très élastique. Ses inconvénients : c’est une matière très fragile et hydrophile (qui aime l’eau), donc pas respirante (pas top pour les sportifs).

De son côté, le polyamide est très résistant et respirant. En revanche, son gros défaut, c’est qu’il n’est pas élastique.

Le guipage consiste donc à enrouler le fil de polyamide autour du fil d’élasthanne. Ainsi, on obtient un fil résistant (grâce au polyamide) et élastique (grâce à l’élasthanne).

Guipage avec la technique de l'assemblé air

Une fois qu’on obtient le fil guipé, chaque bobine passe par un contrôle qualité.

Ensuite, une partie du fil est vendu à des tisseurs, l’autre partie est tissée par Payen ! Direction la troisième usine pour le tissage.

Du fil guipé au tissu : ourdissage, tissage etc…

Avant de lancer les métiers à tisser, il faut passer par l’ourdissage : cela consiste à assembler les fils de chaîne. Ensuite, on peut installer le fil de chaîne sur le métier à tisser (opération qui prend plusieurs heures). Une piqûre de rappel sur le fonctionnement d’un métier à tisser ?

Ourdissage

Enfin, la magie opère ! Le fil de trame vient entrelacer le fil de chaine, on obtient du tissu. Il existe (presque) autant de tissus que de manières de tisser. En fonction du paramétrage du métier à tisser, on peut obtenir des tissus avec des caractéristiques bien différentes.

Une fois que le métier à tissé est lancé, il peut tourner pendant plus d’un mois 24/24, jusqu’à épuisement du fil de chaine. Ça en fait du tissu ! Tissu qui a la particularité d’être bi-élastique : les fils sont indépendants dans les 2 sens (confort maximal).

Tissage puis dégraissage, teinture, contrôle qualité…

Mais ce n’est pas fini ! Une fois le tissu obtenu, il faut le dégraisser, le teindre et, une fois de plus, celui-ci est contrôlé par des machines mais aussi à l’œil humain afin de repérer le moindre petit défaut.

Et ensuite ?

Voilà comment on fabrique du tissu technique haut de gamme. En revanche, si c’est un t-shirt que tu veux et non un bout de tissu, ce n’est pas fini. Enfin c’est fini pour Payen mais d’autres entreprises avec d’autres savoir-faire prennent le relais.

Ce sont les ateliers de confection qui vont finir le job ! Patronage, couture, collage etc des savoir-faire qui nécessitent de la main-d’œuvre.

Enfin, la marque peut tester, valider puis commercialiser le produit.

Payen, fabricant de fil et de tissu d’exception

Après avoir lu cet article, j’espère que tu comprends déjà mieux ce qu’il y a derrière un vêtement. Sache que rares sont les ateliers qui font du fil guipé. Le fil technique, résistant et élastique de Payen est ce qui fait la force et la spécificité de cette entreprise.

Pour bien m’en rendre compte et vérifier tout cela, j’ai comparé l’élasticité du t-shirt 220bpm de Wise (fabriqué à partir du tissu Payen) avec mes autres t-shirts techniques et le t-shirt Wise est clairement plus stretch.

Enfin, dernier point que j’aimerais rappeler, Payen s’efforce de faire du fil et du tissu résistants. Le groupe est conscient et convaincu qu’un vêtement « éco-responsable » est un vêtement durable.

Toujours concernant l’éco-responsabilité, rappelons que l’ensemble du parc de machines du groupe fonctionne à l’électricité et que la France a l’un des meilleurs mix énergétiques au monde.

C’en est fini de cet article sur Payen, un grand merci à eux de m’avoir ouvert leurs portes.

J’espère que cette approche différente de nos articles habituels ta plu. Si tu as des questions, des remarques ou autre, n’hésite pas à me contacter.

À très vite sur UniverTextile !

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